Laurence Bender et David Ciana au Crochetan à Monthey 2007 Magazine « le Vendredi » Bimensuel édité à Monthey
La peinture pour le dire… et se dire
Le Théâtre du Crochetan abrite en ce moment la première exposition commune de David Ciana et Laurence Bender. Une rencontre en terre montheysanne de deux univers artistiques où se nouent et se dénouent les fils de l’abstrait et du figuratif, ceux de l’âme et du corps.
Un homme, une femme. Deux artistes, deux univers artistiques particuliers, mais une sensibilité proche et surtout une même passion. C’est sous l’invitation de Denis Alber, directeur du Théâtre du Crochetan, que le montheysan David Ciana et la martigneraine Laurence Bender se partagent les murs de l’établissement. Une première exposition commune pour ces deux jeunes peintres qui se côtoient pourtant depuis longtemps. Ils l’avouent, l’expérience se révèle particulièrement enrichissante: «On se découvre beaucoup par la rencontre. Et cela nous fait évoluer». Cette rencontre artistique dévoile en effet, au-delà des particularités de style et de méthode, un rapprochement dans la démarche, les réflexions et le ressenti.
Le marathon de l’âme et du corps
«Si je peux le dire, pourquoi le peindre?» Cette citation de Francis Bacon traduit parfaitement le lien que les deux artistes entretiennent avec la toile. La peinture? Une expression de vie, de soi, de ses multiples facettes, des plus sombres aux plus lumineuses, mais aussi un investissement total, une passion qui investit l’être et l’âme pour ne plus les lâcher.
«C’est aussi un marathon que l’on n’a jamais fini de courir», précisent les deux artistes.
Mais la peinture pour David Ciana et Laurence Bender, c’est aussi un travail avec et autour du corps. Le geste pictural bien sûr, mais plus encore. Le corps se fait vecteur par lequel traversent et s’expriment les profondeurs de l’âme: «On peint avec le corps, explique Laurence Bender. Le mien, par exemple, doit être totalement détendu et relâché. Si la tête seule fonctionne, ce n’est pas de la peinture. Une vraie chorégraphie se créé autour de la toile. Le mental arrête de fonctionner, c’est le corps, animé par l’âme, qui peint.»
Le corps est aussi source d’inspiration et thème de figuration. Le travail de David exposé au Crochetan s’inspire plus particulièrement des planches anatomiques d’André Vésale, médecin de la Renaissance. Des planches qu’il dissèque et revisite à coups de crayon et de couleur et auxquelles il ajoute une touche subjective, suggestive et intemporelle. Le peintre, plus porté vers l’abstrait depuis le début de sa carrière, explique sa démarche: «Dans l’abstrait j’explore les couleurs et l’énergie de l’âme, à la différence de la figuration qui me permet d’approcher la complexité de notre rapport avec le corps. J’aime l’idée que nous ne sommes pas qu’un corps physique.»
La matière explorée
Le jeu ou la réflexion entre l’abstrait et le figuratif parcourt également toute l’oeuvre de
Laurence Bender. L’artiste s’exprime en explorant la matière, par couches successives, grattages, symboles. S’y dégage une «sensibilité de femme, tout en douceur, subtile, sans agressivité, selon les mots de David Ciana. J’aime son rapport entre le côté figuratif et abstrait, et son utilisation des couleurs avec des camaïeux. Aucun ton ne détonne sur l’autre.»
Le respect est réciproque. Admirative devant la solide connaissance du geste et de la couleur du peintre montheysan, Laurence Bender apprécie en particulier «son travail remarquable sur le corps humain, son évolution, ses transformations».
Au final, cette exposition, présentée dans le cadre du Festival Francophonie en Fête, met en parallèle deux mondes qui vont tout simplement bien ensemble.
JV